La collecte sonore principale consiste à enregistrer des conversations ordinaires, notamment autour d’un café ou d’un thé dans le cadre du module nommé Café-conversation. Mais le Laboratoire Mobile des Langues permettra également d’accueillir des projets de recherche compagnons.
Linguistes, sociolinguistes ou anthropologues notamment pourront y réaliser des enregistrements contribuant à l’avancée des questions sur lesquelles ils travaillent. Au-delà des différents champs de recherche en sciences sociales, les projets compagnons pourront également manifester une vocation artistique, avec a priori pour point commun l’enregistrement d’une partie des échanges des équipes au sein du Camion Conversation. Les projets compagnons devront donc verser au moins une partie de ces enregistrements dans le portrait sonore de la langue française et des langues de France.
Prenons l’exemple d’une compagnie de théâtre en résidence dans une salle de spectacle de la région. ÉCOUTER-PARLER, le laboratoire mobile des langues, lui offrirait l’opportunité de réaliser un carnet de bord sonore de sa création. Ce dernier serait, d’une part, utilisé par la compagnie comme matière artistique ou de communication et, d’autre part, intégré au portrait sonore hexagonal.
Le premier projet compagnon en cours est développé par Céline Dugua, enseignante-chercheur au Laboratoire ligérien de linguistique à Orléans et en délégation au laboratoire MoDyCo de Nanterre. Depuis plusieurs années, elle s’intéresse à la langue orale et tout particulièrement à la façon dont les enfants parlent, s’approprient leur langage et l’importance pour cela de la parole qu’ils entendent. Au sein d’ÉCOUTER-PARLER, elle souhaite enregistrer les adultes lisant des albums et des histoires aux enfants. Ceci car il s’agit d’une des pratiques qui entourent les enfants et qui participent à leur développement langagier et dans le but de mettre au jour la distance entre la face écrite et la lecture.
D’autres projets enfin pourraient émerger au carrefour de la linguistique et des arts numériques. C’est le cas notamment pour Des paroles au fil de l’Ourcq, développé par Guykayser, artiste associé du laboratoire mobile des langues. Ce projet prend la forme d’un cheminement linguistique depuis les petits villages bordant la rivière dans l’Aisne jusqu’au canal place Stalingrad à Paris. Parmi 73 communes, chaque étape sera l’occasion d’une discussion à bâtons rompus enregistrée entre Guykayser et un habitant racontant une histoire liée à la rivière, au canal, à la commune, à une expérience personnelle. Ce voyage sera aussi le temps d’un travail photographique sur les paysages de la rivière et du canal. Il alimentera avec la voix des habitants, un dispositif visuel et sonore ainsi qu’un site Internet.